Adrien FIORELLO : Une petite porte s\'ouvre

La mère d'un disparu en 2010 : "Avec Nordahl Lelandais, une petite porte s’ouvre"

 

14h00 , le 24 décembre 2017

 

 Marie-France Fiorello, dont le fils Adrien, étudiant en droit de 22 ans, a disparu entre Saint-Etienne et Chambéry en 2010, demande des vérifications dans l’enquête autour de Nordahl Lelandais.

 

 

Adrien Fiorello a été vu la dernière fois par ses parents le 6 octobre 2010. (DR)

 

"On ne peut pas coller toutes les disparitions de France sur le dos de Nordahl Lelandais , qui est présumé innocent, mais il était dans la région au moment de celle de mon fils Adrien. Ca bouscule, forcément…

Mardi, la présidente de l’association Assistance et recherche des personnes disparues (ARPD) m’a appelée ; elle avait été avertie par une avocate de possibles remontées d’enquêtes autour de l’affaire Lelandais, et cette avocate a pensé à mon fils Adrien.


Le lendemain, à la radio, j’ai entendu que le procureur de Grenoble allait regarder toutes les disparitions inquiétantes survenues dans la région depuis 2011. Or Adrien a disparu le 6 octobre 2010… Ça a fait tilt. Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion.

 

Jeudi, j’ai contacté notre avocate pour demander au juge d’instruction d’inclure notre dossier dans l’enquête, mais elle avait déjà fait le nécessaire. Je n’ai plus revu mon fils, âgé de 22 ans à l’époque, depuis ce 6 octobre 2010.

A 9h30, il a quitté notre maison, à Firminy, pour prendre le bus. Il m’a demandé de venir le chercher à la fac à Saint-Etienne à 19h30. Son portable a été localisé à 10h en centre-ville à Saint-Etienne, puis à 17h37 à Chambéry. C’est la dernière trace que nous avons de lui. Mais était-il dans cette ville ou n’était-ce que son portable? Avait-il un rendez-vous personnel? Nous ne le savons pas.

 

La piste de Chambéry reste à creuser.

 

Par chance, grâce à notre activisme, au soutien de l’ARPD et aux réseaux sociaux, son dossier n’a pas été refermé. Nous nous sommes battus, parfois jusque devant la cour d’appel, pour obtenir de nombreuses commissions rogatoires en Europe, mais aussi en Haïti et jusqu’en Australie. Aujourd’hui, une petite porte s’ouvre pour nous, comme pour huit autres familles de Rhône-Alpes. Des détails qui n’ont pas été creusés à l’époque des disparitions vont peut-être émerger.


Je pense qu’il est monté en voiture avec quelqu’un de confiance et qu’il comptait faire l’aller-retour dans la journée.
 

Même si de nombreuses de recherches ont été faites dans les premiers mois, avec le recul, il y a sans doute eu des loupés. A l’époque, les gendarmes ont surtout étudié la téléphonie, le parcours de mon fils, son entourage amical et à l’université, mais ils n’ont pas creusé beaucoup la piste de Chambéry. Plus tard, un détective y a mené des recherches, sans succès. L’analyse de son ordinateur a également révélé qu’Adrien avait 'survolé' la Haute-Savoie et Genève sur Google Earth, qu’il s’était intéressé à une association humanitaire, Terre des hommes, et qu’il intervenait très souvent sur un forum de fans du Barça, le 'FC Barcelona Clan'…

Tout cela n’a rien donné. Un enquêteur a évoqué la piste d’une possible homosexualité qu’Adrien aurait craint de nous dévoiler. Je n' en sais rien. Mais à l’inverse des deux jeunes hommes qui ont disparu en 2011 et 2012 et sur lesquels le procureur va réenquêter, mon fils ne s’est pas évaporé à la sortie d’une boîte de nuit ou d’un festival. Sa trace s’est perdue au petit matin, sur le chemin de la fac. Ses études de droit, c’était sa passion.

 

Dans les premiers temps de sa disparition, j’ai d’abord pensé à un suicide. Sept ans plus tard, je pense plutôt qu’il est monté en voiture avec quelqu’un de confiance et qu’il comptait faire l’aller-retour dans la journée. Il ne m’aurait jamais donné rendez-vous le soir s’il avait eu l’intention de disparaître. Malgré la maladie (Marie-France est soignée pour un cancer depuis sept ans, NDLR), ce qui me tient aujourd’hui c’est mon fils. Depuis le début, je suis persuadée que je ne le reverrai plus, mais j’ai besoin de savoir. Mon mari Salvatore a plus d’espoir que moi.

 

Cette année, comme d’habitude, nous passerons le jour de Noël en famille. Il y a toujours une place vide. On ne fête plus le réveillon depuis longtemps. En revanche, je ne peux pas me couper de la famille, pour mon grand fils Franck. Dans mon cœur, Adrien est toujours là. A Noël, pour la fête des mères, son anniversaire… Chaque jour. C’est ma bataille. Je ne l’abandonnerai jamais."