Affaire Lelandais : un disparu lié à la Guyane

Le père de Nicolas Suppo, disparu depuis le 15 septembre 2010, pense que la Guyane est le lien entre son fils et le présumé tueur en série. Les enquêteurs ont en tout cas classé l'enquête sur la disparition de Nicolas Suppo comme prioritaire dans le cadre des 40 dossiers où Nordahl Lelandais est suspecté. 

 

Nous sommes le 15 septembre 2010. Yves Suppo, cadre supérieur à la Banque Postale à Collery, reçoit un coup de téléphone lui indiquant la disparition de son fils Nicolas, âgé de 30 ans. Il est parti du travail à midi et n'est pas retourné à son boulot l'après-midi. C'est à ce moment que la DRH de la boîte s'inquiète de cette absence inexpliquée et inhabituelle et prévient la famille, qui va prévenir les autorités. Autant le dire de suite, l'enquête pour une disparition d'un adulte majeur et indépendant, n'ira pas bien loin. Aucun élément n'est donné à la famille, et l'enquête sera close en 2014. Il faudra attendre fin 2017 et les premiers développements dans les enquêtes sur la disparition de la petite Maélys et le caporal Arthur Noyer pour que les choses évoluent. Yves Suppo, qui est alors rentré de Guyane depuis 2011 mène l'enquête de son côté. En 7 ans, il n'a pas baissé les bras. Et il fait le lien avec Nordahl Lelandais, qui habite à seulement 50 kilomètres d'Echirolles (banlieue sud de Grenoble). La piste est alors étudiée sérieusement et l'enquête est rouverte au début de l'année 2018 par le procureur de la République de Grenoble de l'époque Jean-Yves Coquillat. Depuis, les gendarmes de la cellule Ariane ont étudié le dossier avec minutie et l'ont, selon les informations du Parisien/Aujourd'hui en France, classé parmi les 13 enquêtes prioritaires, qui sont reprises par les sections de recherches pour savoir si Nordahl Lelandais est derrière ces disparitions et meurtres non élucidés. Reste que selon le Jean-Pierre Lelandais, le père de Nordahl, son fils, qui avait eu un souvenir « amer » de ses expériences en Guyane, « n'est jamais retourné »

« Ils ont pu discuter ensemble de la Guyane »

Pour Yves Suppo, même si le lien est tenu, la Guyane est le chaînon manquant qui permet de relier la disparition de son fils au tueur en série présumé. Yves Suppo est en effet resté en Guyane de 2003 et 2011. « Mon fils est venu à deux reprises me voir en Guyane en septembre 2006 et septembre 2007. La Guyane l'a marqué. Même si les dates avec la venue de Nordahl Lelandais avec l'armée en Guyane ne correspondent pas, je pense qu'ils ont très bien pu se rencontrer en Isère ou dans la région, dans un bar ou je ne sais quoi. Et la Guyane a pu être leur dénominateur commun. Moi qui ai vécu et aimé la Guyane, je peux vous dire que si je croisais quelqu'un qui avait un lien avec la Guyane, ça m'aurait poussé à engager la discussion... » explique Yves Suppo, qui depuis bientôt neuf ans, attend des réponses. Son fils Nicolas est parti sans rien, sans papier, sans carte de crédit... Il n'a donné aucun signe de vie depuis. Yves Suppo aimerait en savoir plus sur l'avancement des recherches, et sur les raisons qui ont poussé les gendarmes à lier sérieusement son affaire au lot des très nombreuses affaires, dans lesquelles Nordahl Lelandais est suspecté.

 

« C’est pas la joie pour Nordahl »

C’est un homme accablé qui répond au téléphone. Jean-Pierre Lelandais sait lorsqu’on se présente comme journaliste, que l’on va parler de son fils Nordahl, qui depuis août 2017 fait la Une dans la catégorie faits-divers en France. Jean-Pierre, qui est très discret, qui ne s’est jamais exprimé dans les médias, accepte de répondre à nos questions. Il rappelle que la Guyane n’a pas été une belle expérience pour son fils, mais que c’est plutôt son épouse qui sait au sujet des déboires de son fils avec l’armée en Guyane. Au cours de cet entretien téléphonique, Jean-Pierre Lelandais donne des nouvelles de son fils « c’est pas la joie pour lui. » Leur fils qui toutefois semble « aller mieux que l’an dernier » où il avait dû être pris en charge dans une unité psychiatrique à cause d’angoisses. « ça s’entend dans sa voix, dans l’intonation de sa voix quand il nous parle » évoque son père ému à l’idée de parler de son fils emprisonné. « Ma femme (sa mère) va le voir de temps en temps à la maison d’arrêt » de Saint-Quentin Fallavier dans le nord Isère. Mais sinon il nous appelle deux à trois fois par semaine » conclut Jean-Pierre, la voix étranglée avant de s’excuser pour clore la conversation.

 

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