Au sein de l’association nationale ARPD
(Assistance et recherche de personnes disparues)
La délégation Rhône-Alpes-Auvergne est la plus importante en termes d’effectifs
Son président ambitionne d’ouvrir prochainement une antenne dans le département
La soixantaine passée, une taille et une carrure qui en imposent, Bernard Valezy égraine son curriculum vitae à vitesse grand V… Un moyen pour lui de lancer plus facilement le sujet de la rencontre. Derrière son air avenant et affable, on devine un homme méthodique, peu enclin à se perdre en circonvolutions.
« Nous faisons le maximum pour aider les proches »
Ce préambule lui permet d’afficher effectivement la couleur au pas de charge. Commissaire divisionnaire en prolongation d’activité, il affiche « quarante ans de boutique » dont vingt années à la Sécurité publique à Saint-Étienne, notamment. Son parcours le conduit, en 2000, à la tête de la délégation interrégionale du recrutement et de la formation Auvergne-Rhône-Alpes à Lyon, puis à celle de l’IGPN (la police des polices) de la zone Sud-Est. Avant de s’investir dans le service de médiation interne de la police nationale, on le retrouve directeur adjoint de l’école nationale supérieure de la police (ENSP).
« C’est dans le cadre de cette fonction que nous nous sommes intéressés au phénomène des disparitions de personnes. Et, c’est comme cela que j’ai rencontré les bénévoles de l’ARPD (Assistance et recherche de personnes disparues). Ces derniers m’ont d’abord demandé d’être leur conseiller technique, puis j’ai monté la délégation AURA de l’association avant de devenir vice-président national. »
Pas une agence de détectives privés
L’ARPD n’est pas une agence de détectives privés. Son but consiste à venir en aide aux familles éprouvées par la disparition inexpliquée d’un proche.
« Dans de nombreux cas, alors que ces personnes considèrent cette disparition inquiétante, le policier ou le gendarme en face ne le perçoit pas comme cela (la disparition est, par contre, automatiquement qualifiée d’inquiétante dès lors qu’il s’agit d’un mineur ou un majeur protégé, NDLR), explique Bernard Valezy. Pourquoi ? Parce que les éléments apportés sont insuffisants, parce que les demandeurs ne trouvent pas les bons mots… Pour tout un tas de raisons, l’appel à l’aide n’est pas entendu et il ne se passe rien. C’est là où nous pouvons intervenir en réunissant, avec les proches, tout ce qui peut permettre de saisir le procureur de la République afin de faire ouvrir au plus vite une enquête officielle. Et, si l’autorité judiciaire ne bouge pas, des bénévoles se lancent eux-mêmes dans des recherches ». Afin de renforcer son maillage territorial, l’ARPD cherche à s’implanter en Haute-Loire, dans le Cantal et l’Allier. Les bénévoles sont les bienvenus.
1 000 disparitions non-résolues chaque année
Chaque année en France, on estime à 50 000 le nombre de disparitions de mineurs, il s’agit de fugues à 95 % durant moins de 48 heures (un tiers), moins d’un mois (un tiers), moins d’un an (un tiers). Bernard Valezy milite, d’ailleurs, pour davantage de prévention sur les dangers encourus par les jeunes fugueurs.
Concernant, les disparitions inquiétantes de majeurs, le chiffre annuel s’établit à
18 000. La procédure de recherches dans l’intérêt des familles (RIF) ayant été supprimée en 2013, les disparitions non inquiétantes ne sont plus comptabilisées. On en dénombrait en moyenne 5 000 par an à l’époque. Sur l’ensemble de ces cas, l’association estime à un millier le nombre d’affaires non-résolues.
Face à une progression constante des disparitions de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, l’ARPD interpelle le gouvernement afin de systématiser la géolocalisation de ce public. Cette mesure, beaucoup plus efficiente et économique qu’un dispositif de recherche classique (hommes, hélicoptère…), est l’une des trente-trois propositions soumises aux pouvoirs publics afin d’améliorer le dispositif de recherche des personnes disparues en France.
N’étant pas reconnue comme une association d’aide aux victimes, l’ARPD ne perçoit aucune subvention publique. Ses ressources proviennent de dons d’entreprises, de cotisations de ses membres et des familles (30 euros) qui font appel à elle.