Les proches de Jean-Christophe Morin et Hamed Hamadou, deux dossiers de disparition sur lesquels plane l’ombre de Nordahl Lelandais, sont reçus par la juge ce mardi.
C’est une rencontre très attendue par les familles des disparus du fort de Tamié. Deux affaires dans lesquelles les gendarmes cherchent s’il peut y avoir un lien avec Nordahl Lelandais, le tueur présumé de la petite Maëlys De Araujo en août 2017 et du caporal Arthur Noyer, en avril de la même année.
Les proches de Jean-Christophe Morin, 22 ans, disparu le 9 septembre 2011 en marge d’un festival de musique électro dans le fort de Tamié (Savoie) et ceux de Hamed Hamadou, 45 ans, lui aussi volatilisé un an plus tard le 9 septembre 2012, ont rendez-vous ce mardi en début d’après-midi chez la juge d’instruction de Chambéry (Savoie) en charge de ces dossiers.
La magistrate avait refusé fin juillet, dans un courrier adressé aux avocats des deux familles, « l’exploitation des deux téléphones mobiles » de Jean-Christophe Morin. Elle souhaitait, « avant d’y procéder, disposer de plus d’informations sur ceux-ci », provoquant « la colère froide » des parties civiles « interloquées ».
«La justice assure un simple service minimum»
« Si on n’utilise pas ces téléphones, c’est se priver d’éléments ou d’indices utiles. C’est entraver l’enquête ! » peste Daniel Morin, 62 ans, retraité. Le père de Jean-Christophe avoue « ne pas comprendre cette démarche à l’envers », lui qui attend une « véritable enquête depuis sept ans » sur ce qu’est devenu son fils. « Ah, j’en ai passé des coups de téléphone. On me passait d’un bureau à l’autre. Je n’y crois plus… », se désespère l’ancien agent d’EDF.
« Je sais que je n’ai plus d’espoir de retrouver mon fils vivant. Trop d’éléments laissent songer à un funeste destin. Je veux seulement savoir si on peut connaître la vérité. Mais là, c’est encore dresser un obstacle de plus », continue ce père qui voit « la justice assurer un simple service minimum ».
Les avocats des deux familles, eux, s’étonnent : « Il est bien paradoxal de ne pas exploiter ces téléphones qui contiennent des répertoires, des noms, des contacts et un journal d’appel. Autant d’indices qui peuvent s’avérer essentiels à la procédure. Autant de contacts qui peuvent permettre de retracer des liens avec telle ou telle personne », expliquent d’une même voix Mes Didier Seban et Corinne Herrmann, circonspects sur ce choix. En revanche toutes leurs autres demandes d’actes ont été acceptées.
«Nous attendons des réponses»
« Je les possède toujours ces deux téléphones. Je les ai retrouvés dans son camion camping-car lorsqu’il vivait à Sallanches, au lac de Passy. Ils sont à disposition. Mais si personne ne vient les récupérer, ils ne servent à rien », confirme de son côté Adeline Morin, 39 ans, la sœur de Jean-Christophe. « La machine judiciaire est lancée. Notre plainte est enfin enregistrée. Nous attendons des réponses », poursuit cette mère de famille.
Quant à Farida Hamadou, la sœur de Hamed, elle aussi est dans l’expectative : « On ne m’a rien demandé. Je ne fais qu’attendre. J’attends de savoir ce que veut faire la juge. Je me souviens surtout que mon frère faisait régulièrement du stop pour aller de La Bridoire, où résidait le frère de Nordahl Lelandais, à Pont-de-Beauvoisin (Isère), chez des cousins. Je me pose bien des questions légitimes », indique-t-elle, espérant, « cette fois, une véritable enquête ».