Hubert BOIRON disparu à Ajaccio (20A)

AVIS DE RECHERCHE / DISPARITION


Hubert Boiron, 82 ans, a disparu à Ajaccio depuis le 18 septembre 2013.


Venu en Corse lors d'un voyage organisé, l'octogénaire a disparu à Ajaccio après une visite guidée de la maison Bonaparte, le mercredi 18 septembre.

Hubert Boiron est introuvable depuis.  Sa famille, venue de l'Isère, sillonne la Corse à sa recherche.

Un homme de 82 ans a disparu mercredi soir à Ajaccio. Hubert Boiron faisait partie d'un voyage organisé venu de l'Isère.

Vers 18 heures, le groupe a quitté la maison Bonaparte après une visite, pour se diriger vers la gare routière.

L'octogénaire a disparu sur ce trajet et reste depuis introuvable.

Hubert Boiron mesure 1,70 mètre, porte un pantalon gris, un polo rose et un pull léger bordeaux.

Toute personne qui l'aurait aperçu est priée de prendre contact avec le commissariat en composant le 17.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/2013/09/19/disparition-d-un-octogenaire-ajaccio-321963.html


 

*****************************************


Il se volatilise en plein voyage organisé.
 


C’est un véritable mystère. Et c’est aussi extrêmement inquiétant. 

À Ornacieux, on compte les heures depuis mercredi. Depuis qu’Hubert Boiron, un octogénaire originaire du village s’est brusquement volatilisé lors d’un voyage organisé en Corse.

Depuis quelques jours, le Nord-Isérois et son épouse faisaient partie d’un groupe de Nord-Isérois parti découvrir l’Île de Beauté. 

Mercredi, le groupe est à Ajaccio. 

En fin d’après-midi, il visite la maison Bonaparte. Une fois la balade terminée, vers 18 heures, la cinquantaine de personnes se dirige vers la gare routière pour reprendre le bus.

« Ils marchaient en file indienne sur le trottoir et mon père se trouvait à la fin du groupe », détaille Mireille Pellerin, la fille d’Hubert Boiron. C’est à ce moment-là qu’il a disparu. En montant dans le bus, ils se sont rendus compte qu’il n’était pas là. Il y a peut-être eu un battement de quinze minutes, maximum trente… »

Cinq nuits sans nouvelle.

Depuis, plus rien. Dans la capitale de la Corse du Sud, les forces de l’ordre ont déployé un dispositif important pour retrouver l’octogénaire : recherches avec des chiens, patrouilles montrant les photos du Nord-Isérois, visionnage des vidéosurveillances. 

En vain. Hubert Boiron semble s’être volatilisé, avec pour seul bagage sa carte d’identité et 50 euros. 

À Ornacieux, sa famille est perplexe.

« Il est en très bonne santé, court vite et n’avait aucun symptôme de type maladie d’Alzheimer », insiste sa fille. « La seule chose, c’est que c’est quelqu’un qui n’ose jamais demander d’aide.

Peut-être s’est-il perdu et il n’a pas osé demander son chemin ? Est-ce qu’il a paniqué et qu’il a ensuite essayé de rentrer ici par ses propres moyens ? Il est peut-être revenu sur le continent… », imagine sa fille.

Accident sur le front de mer, errance dans les rues ou agression, les enquêteurs corses n’écartent aucune piste. 

Selon nos confrères de Corse Matin, de nouvelles opérations de recherche devaient être engagées ce lundi matin. « Ça va faire la cinquième nuit qu’il a disparu. C’est long ». Comme tous ses proches, la fille du retraité espère que la mobilisation mise en place pour l retrouver en Corse va rapidement porter ses fruits.

Hubert Boiron a 82 ans. Il mesure 1,70 m. Au moment de sa disparition, il portait un pantalon gris, un polo rose et un pull léger bordeaux. 

Toute personne qui l’aurait aperçu est priée de prendre contact avec la police en composant le 17.

https://www.ledauphine.com/isere-nord/2013/09/22/il-se-volatilise-en-plein-voyage-organise


 

**************************************
 

Disparition en Corse

Le mystère de l'octogénaire au pull rouge

 

 

Il est l'homme au pull rouge et au pantalon gris. Son nom a hanté les rues de la vieille ville d'Ajaccio, et sa photo a longtemps été épinglée sur les devantures des commerces. Elle trônait bien sûr en bonne place dans une armoire vitrée de la rédaction de Corse-Matin.

Pour que les journalistes et en somme, l'opinion publique ne se résignent pas à dissiper dans les brumes le souvenir d'Hubert Boiron, 82 ans, disparu le 18 septembre 2013 dans la cité impériale.

Au fil des années, le papier froissé et poussiéreux de l'avis de recherche a jauni et sur l'image, le sourire de l'octogénaire qui s'est évaporé entre la rue Bonaparte et la gare routière il y a presque cinq ans, a perdu de son expressivité pour devenir presque fantomatique. "Un mystère", assène spontanément un magistrat qui a tenté de percer les arcanes de cette disparition en plein jour, au coeur de la ville et sans qu'aucune trace ne soit retrouvée.

Malgré l'enquête judiciaire, malgré les recherches des proches, enfants et petits-enfants venus sur l'île, malgré le recours à l'irrationnel, rien n'a permis de faire émerger une piste saillante.


LIRE AUSSI. Disparition d'un octogénaire à Ajaccio

"Cela ne ressemble en rien à une disparition volontaire", argue un enquêteur ayant forgé sa conviction, estimant que cet homme de 82 ans venu fêter ses noces d'or en Corse avec son épouse et qui n'avait en poche que sa carte vitale et une cinquantaine d'euros quand il s'est volatilisé, n'a pas tout quitté pour filer à l'anglaise et refaire sa vie.

Des investigations menées sur les comptes bancaires au début de l'enquête ont d'ailleurs fermé cette porte rapidement. "Reste l'hypothèse d'une disparition involontaire", comme l'esquisse Eric Bouillard, le procureur.

Dans l'unique et maigre tome rouge du dossier, rien n'est plus fermé, serré et opaque que ce mystère urbain qui s'est joué sur un périmètre ridiculement petit, entre la rue Bonaparte et la gare routière et maritime. Un mystère où les caméras de vidéosurveillance ne livrent aucun élément probant et où les témoins visuels crédibles se comptent sur les doigts d'une main. "Dans une telle affaire, les premières heures sont capitales", poursuit le parquetier.

Une journée de septembre comme les autres.

Que s'est-il passé en cette journée de septembre ? Une après-midi semblable à une autre à Ajaccio, cité aux deux visages n'ayant jamais tranché entre sa vocation administrative et le charme de sa station balnéaire.

Après le tsunami estival, comme chaque année, la ville fait sa rentrée tout en accueillant à la porte de l'automne des nuées de retraités s'entassant par milliers dans ses rues, sur les chemins du patrimoine. Hubert et Arlette Boiron étaient de ceux-là, au coeur d'un groupe de 48 personnes, principalement des retraités de la FDSEA (fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) de l'Isère qui avaient entamé un tour de Corse en car s'étalant du 15 au 23, de la Balagne au Sud. Au matin, le groupe avait laissé derrière lui Porto, Piana et ses calanches.


LIRE AUSSI. Hubert Boiron, 82 ans, le mystère d'une disparition au cœur d'Ajaccio

Les retraités entament la tournée des grands-ducs qui suit la trame habituelle de deux des plus illustres enfants d'Ajaccio : Napoléon Bonaparte et Tino Rossi. La place d'Austerlitz, puis le cimetière marin avec la tombe du chanteur de Marinella jusqu'à la pointe de la Parata. Retour dans la cité intra-muros avec le quai l'Herminier puis la vieille ville : place des Palmiers, rue Bonaparte, citadelle, rue du Roi-de-Rome, rue Saint-Charles, boulevard du Roi-Jérôme, rue François-Corbellini et gare routière. Devant la demeure familiale de l'Empereur, vers 17 h 30, le groupe trouve porte close et s'attarde seulement dans le jardinet qui lui fait face.

Comme bon nombre de cohortes de touristes, ils écoutent religieusement l'histoire à hauteur de rue et suivent aveuglément une guide qui doit les reconduire au car parqué, à quelque 500 petits mètres, pour récupérer leurs effets et les déposer ensuite à l'Hôtel du golfe, 5 Bd du Roi-Jérôme sur la place du marché. Hubert Boiron ne l'atteindra jamais.

A 17 h 39, une caméra capte l'ultime image du retraité, rue Bonaparte, avec son groupe. Tout a basculé en une poignée de secondes, sans doute quand celui-ci traverse la place des palmiers puis le boulevard du Roi-Jérôme, à hauteur du square Campinchi, où l'ancienne municipalité excavait les quais Napoléon pour les travaux du futur ex-parking souterrain dont ne voulait pas l'actuelle. La file indienne se scinde en deux branches à cause du chantier ceint d'imposantes palissades débordant sur la chaussée.

Arrivée au car, Arlette Boiron ne trouve pas son mari. Il devait être dans l'autre file, peut-être ? Cela ne l'inquiète pas, au début.

Selon sa fille Véronique Boiron, son père était un bon marcheur, avait des capacités physiques "hors normes" et avait le sens de l'orientation ; sa mère ce jour-là avait vu cheminer Hubert parfois loin d'elle "en ronchonnant". "Votre mari doit être devant", suggère un voyageur. Mais décidément, rien non plus à l'hôtel. Personne ne voit Hubert Boiron mais le groupe décide néanmoins d'aller dîner au restaurant le Bel Messere, à deux pas du commissariat. Auparavant dans la soirée, le chauffeur compose le 17 pour signaler la disparition d'un de ses voyageurs.


LIRE AUSSI. La famille de l'octogénaire disparu mène sa propre enquête en Corse

Au restaurant, l'un des deux accompagnants téléphone à l'une des filles, Véronique, basée à Ornacieux, et trois-quatre voyageurs, les plus valides, arpentent la cité jusqu'à 1 h 30. Rien.
Les caméras, failles du dossier.

Hubert Boiron s'est volatilisé et ne sera vu que par une poignée de témoins : en début de soirée aux alentours de 20 heures, il avait réussi à s'introduire sans titre de transport et sans pièce d'identité sur la zone portuaire. Une employée vient vers lui et croit comprendre qu'il veut monter à bord du Danièle-Casanova, le ferry SNCM à l'époque, pour y dîner avec son groupe. Elle lui recommande de contacter le responsable et déclare aux policiers que cet homme seul "n'a pas toute sa tête".

L'un de ses collègues le voit également mais n'est pas aussi catégorique sur son état de santé. Quelques instants plus tard, un agent de sûreté d'Arkosur travaillant à la barrière indique à Hubert Boiron, "entre 20 h 15 et 20 h 30", la direction de restaurants et le voit partir vers la gare. Il ne remarque rien d'anormal dans son comportement. Il lui conseille d'attendre son groupe près de son car. "Il allait bien, il ne semblait pas inquiet", notera le vigile.

Unité de temps, de lieu et d'action : l'octogénaire cherche les autres voyageurs, demande son chemin et reste dans un périmètre connu, sans doute autour du car. L'enquête envisage un temps qu'il ait pu embarquer à bord de navires de croisière ou de ferries, mais sa volonté de retrouver son épouse en arpentant des lieux connus est manifeste.

Ce n'est pas le comportement d'un fugueur, mais d'un homme plein de bon sens qui va dans des lieux connus. Où est-il, quelles rues arpente-t-il ? Aucune des six caméras de l'ancien réseau de vidéosurveillance ne le repérera, ni sur le cours Grandval, pas même sur la place du Diamant qui est un point central pour s'orienter.

Quant aux objectifs censés capter le parking des cars, "les caméras n'étaient pas dirigées dans la direction qui nous intéresse", précise le procureur d'Ajaccio. "Sur 1 h 30 de vidéo, on ne voit pas M. Boiron sur les images." Pourquoi ne croise-t-il pas les voyageurs partis à sa recherche dans le même périmètre ?

D'autres témoins affirment de bonne foi l'avoir aperçu quelques jours plus tard dans une librairie en train de faire un esclandre autour d'un livre évoquant la Résistance ou rue Fesch ou sur le cours Napoléon ou sur les quais du port Tino Rossi "en bonne santé" ou sur le cours Grandval ou enfin à Vizzavona, dans la nuit "avec une lampe frontale". Un radiesthésiste jure sur la foi de son pendule à la famille qu'il était vivant et dit l'avoir localisé.

L'irrationnel s'invite presque à chaque fois dans ce genre de dossier mais débouche rarement sur du concret.

Les enquêteurs ferment des portes rapidement et déploient d'importants moyens, faute de piste sérieuse, il faut les tester toutes ou presque. Il a certes manqué, dès l'origine, une battue organisée avec l'aide de la population. Mais où chercher et qui pouvait croire qu'un homme peut disparaître en quelques minutes dans le centre d'Ajaccio comme dans le triangle des Bermudes ? Au lendemain de la disparition, le fils, Thierry Boiron, a arpenté les sentiers, refait le parcours, discuté avec des randonneurs, des chasseurs.

A sa suite, la fille du disparu, Véronique Boiron, puis sa soeur Mireille Pellerin et les petits-enfants tentent également d'explorer toutes les hypothèses. Hubert Boiron aurait-il fait un accident neurologique qui l'aurait désorienté et conduit en dehors de la ville ? Rien ne le dit.

 

La police a mené en plus de recherches pédestres des survols par hélicoptère du sentier des crêtes ou de la Parata. Les plongeurs de la gendarmerie ont fouillé les trois ports, des zones de navigation, sans succès, au terme de 79 plongées espacées sur plus d'un an. "Parfois, des noyés peuvent remonter plusieurs mois après", explique le procureur Bouillard.
 

Au cours de l'instruction menée par la juge Lise Prenel, l'Institut national de police scientifique tente même de faire parler l'infiniment petit, avec la technique de la caractérisation génétique : grâce à un échantillon biologique, on procède à une amplification enzymatique de l'ADN nucléaire. Autrement dit, on essaie de retrouver dans l'eau des traces infinitésimales de la présence d'un corps à partir de son empreinte génétique. Là encore, négatif.
 

Deux autres disparitions non élucidées dans l'île
 

Existe-t-il des oubliettes dans lesquelles on peut disparaître purement et simplement dans le centre d'Ajaccio ? Car le plus troublant est qu'aucune trace ne subsiste : un octogénaire au pull rouge errant dans la cité aurait attiré l'attention. Où a-t-il passé la première nuit ? Etait-il toujours en ville ? Est-il monté dans un véhicule ou tombé à l'eau par mégarde ? Nul ne sait. Le rasoir d'Ockham, cet outil intellectuel qui préfère la simplicité des hypothèses aux idées farfelues, tranche pour deux options : une disparition involontaire ou l'intervention d'un tiers.
 

De deux choses l'une, ou M. Boiron est dans un lieu qui n'a pas été découvert parce qu'il a eu un accident (son corps ayant été entraîné par une hélice après une chute dans le port puis entraîné au large par un bateau ou renversé par un véhicule, etc.), soit il a "fait une mauvaise rencontre", comme le suggère l'une de ses filles.
 

La piste criminelle à proprement parler ?

Elle n'a pas non plus beaucoup d'éléments probants pour jouer des coudes dans l'esprit des enquêteurs.

 

Reste deux autres disparitions moins d'un an plus tard. Le 11 juillet 2014, Daniel Perret-Gentil, 57 ans, 1,92 m, un banquier suisse affûté pour la marche en haute montagne, passionné par le GR 20, quitte l'hôtel I Larici, à Vizzavona.
 

Le paiement de sa carte de crédit est le dernier indice que cet homme, qui devait rejoindre Ajaccio quelques jours plus tard pour prendre le vol de Genève, a laissé derrière lui. Les gendarmes ne découvriront jamais son corps.
 

Le 30 juillet 2014, l'Américain George Hecht, 71 ans, venu tenter le même sentier de grande randonnée depuis la Balagne s'évanouissait dans la nature.
 

Ayant décollé de Paris pour rejoindre Calvi, il avait passé, comme tout un chacun, la porte du GR en dormant dans un gîte, à Calenzana le 19 juillet, et aurait réservé pour le terme de son voyage une chambre dans un hôtel du centre d'Ajaccio le 28. Il a disparu sans laisser de trace.
 

Même si le GR20 contient son lot de randonneurs perdus corps et biens, le point commun de ces trois hommes, Boiron, Perret-Gentil, Hecht, c'est, peu ou prou, Ajaccio. Trois hommes de 57 à 82 ans, reliés à une même ville, le même évanouissement dans la nature sans laisser de traces : appartiennent-ils à la même énigme ?

La justice n'aime pas les coïncidences et peut-être que celles-ci ne sont que des recoupements hasardeux. "Il n'y a aucun élément qui nous a orientés dans cette voie", martèle encore le procureur Bouillard. "À l'époque de l'instruction, nous n'avons pas eu connaissance de ces deux disparitions", soutient une source proche du dossier, prudente avant d'envisager l'idée d'un tueur en série dans l'île.

 

Dans les plus grands mystères judiciaires, c'est la simplicité qui est parfois le sésame. Pour relire l'équation, il faut un témoignage miraculeux ou des yeux neufs et aguerris.


Mais pour la famille qui a mobilisé son espérance, c'est sans doute l'absence de vérité qui a plus de poids que la disparition.

https://www.corsematin.com/articles/disparition-en-corse-le-mystere-de-loctogenaire-au-pull-rouge-85545