Romain Lannuzel, 7 ans déjà et toujours rien !

     
      Disparu de Barcelone. Mireille Lannuzel : « On... par Letelegramme

 

 

Disparu à Barcelone. Un tueur en série ? 11 novembre 2014 à 10h02/ Jacques Chanteau / Voilà sept ans que l'étudiant finistérien, Romain Lannuzel, a disparu à Barcelone (Espagne). Sa famille a fait appel à des enquêteurs qui sont sur la piste d'un Équatorien actuellement incarcéré, car soupçonné d'être un tueur en série. > Tous nos articles sur la disparition de Romain Lannuzel Barcelone, le 13 novembre 2007.

Il est 18 h 57 quand Romain Lannuzel, étudiant Erasmus, passe un coup fil avec son téléphone portable. Un appel localisé dans le Paseig des Ramblas, non loin de la célèbre avenue des Ramblas. Au téléphone, le Breton prévient ses anciennes colocataires qu'il passera récupérer des affaires dans une heure et demie, alors qu'il pouvait y être dans le quart d'heure. Depuis ce coup de fil, plus personne n'a eu de nouvelles de l'étudiant originaire de Lampaul-Guimiliau, alors âgé de 20 ans. Où est-il allé après avoir raccroché ?

A-t-il fait une mauvaise rencontre ? Des questions qui, sept ans après, demeurent sans réponse. Ou presque... Il y a un an, la famille de l'étudiant a engagé un enquêteur privé, Jean-François Abgrall. Installé à Lampaul-Plouarzel, cet ancien gendarme a notamment mené la contre-enquête qui a innocenté Patrick Dils. Au mois de février, la collaboratrice de l'enquêteur et psychocriminologue, Sandrine Wattecamps, a passé un mois à Barcelone. Dans la capitale catalane, ses investigations l'ont conduite sur la piste d'Oscar Vicente Castro Cedeno.

Chez cet Équatorien de 41 ans, la police a découvert, le 7 janvier 2012, le corps d'un étudiant américain de 20 ans. Celui-ci aurait été drogué et abusé sexuellement. Actuellement incarcéré pour meurtre, l'Équatorien ne reconnaîtrait pas les faits. « Un prédateur » Chez lui, la police espagnole a mis la main sur des photos où l'on voit des jeunes hommes endormis (« morts », selon Jean-François Abgrall) et à moitié nus. La police barcelonaise soupçonne le quadragénaire d'être un tueur en série. « Ses paramètres de chasse étaient des étudiants étrangers à la peau blanche et âgés d'une vingtaine d'années. C'était un prédateur en pleine activité », confient Jean-François Abgrall et Sandrine Wattecamps.

En 2009, un étudiant avait déjà porté plainte pour viol contre le Sud-Américain. L'Équatorien était arrivé à Barcelone en 2007. Rapidement, il avait fréquenté les associations caritatives et artistiques où il rencontrait des personnes âgées. Celles-ci, séduites par son charme, l'avaient alors hébergé. Oscar Vicente Castro Cedeno a donc vécu dans plusieurs endroits à Barcelone. C'est ainsi qu'au mois de novembre 2007, il habitait à 200 m du lieu où Romain Lannuzel a passé son dernier coup de téléphone. « Jardins pas fouillés » Les deux enquêteurs privilégient l'hypothèse que l'Equatorien ait croisé Romain avant de l'inviter à prendre un verre dans un bar, puis chez lui.

Jean-François Abgrall et Sandrine Wattecamps souhaiteraient que la vingtaine d'hommes figurant sur les clichés retrouvés chez Oscar Vicente Castro Cedeno soient identifiés. « Un seul a été identifié mais le suspect ne se rappelle de rien », témoigne Jean-François Abgrall. Et Romain figure-t-il sur l'une des photos ? « C'est toute la question, la police n'ayant pas fait encore le lien avec la disparition de Romain », répond l'enquêteur qui s'est également rendu sur place. « Nous nous attachons actuellement à retracer le parcours criminel de l'Équatorien à Barcelone, poursuivent les deux enquêteurs.

Nous mettons à jour ses anciennes adresses afin de déterminer les lieux éventuels de dissimulation de corps. Pour l'instant, les jardins des grands-mères chez qui il a résidé n'ont pas été fouillés ». « On se rapproche de la vérité »

Pour Mireille Lannuzel, l'interpellation du Sud-Américain est « une piste à creuser ». « On voudrait désormais en savoir davantage », ajoute la mère de Romain, qui part ce matin à Barcelone afin de médiatiser la disparition de son fils, comme elle le fait à chaque 13 novembre, depuis 2007. Sandrine Wattecamps évoque également ces trois cadavres découverts ces dernières années à Barcelone. Elle va demander à la justice catalane que ces trois corps soient identifiés. Elle réclame aussi l'audition de témoins, notamment de celle des personnes qui ont hébergé Oscar Vicente Castro Cedeno.

 

Les deux collaborateurs regrettent que « la disparition de Romain n'ait pas été prise au sérieux dès le départ par la police espagnole ». « Il est très difficile de disparaître complètement car il y a toujours des éléments à recueillir », expliquent-ils. Connaîtra-t-on un jour la vérité ? « On s'y emploie et on s'en rapproche », assurent les deux enquêteurs.

article du Télégramme