Tony DUBOCAGE, 17 ans, disparu à Fécamp (76) le 7 décembre 1993

Vingt-six ans après, c’est toujours la même interrogation. Qu’est-il arrivé à Tony Dubocage ce 7 décembre 1993 à Fécamp ? 

 

 

 

 

Témoignage. Tony Dubocage a disparu à 17 ans à Fécamp, le 7 décembre 1993. Sa sœur et sa mère, qui ne l’ont pas retrouvé, cherchent toujours à savoir ce qu’il s’est passé.

 

La douleur est encore présente pour Réjane, sa mère, et Sabrina, sa sœur. Avec l’aide de l’association « Ensemble, retrouvons-les » et après avoir rêvé de son frère, Sabrina a posté un message sur les réseaux sociaux, le 29 décembre dernier, pour tenter de retrouver des personnes susceptibles d’avoir des informations sur la disparition de Tony, à l’âge de 17 ans. « Vingt-six ans plus tard, les gens peuvent peut-être parler », espère l’ancienne Fécampoise qui habite près du Havre et qui s’étonne de « l’engouement » provoqué par son message sur Facebook.

 

Même si des détails ont pu s’évanouir dans sa mémoire, cette femme de 46 ans se rappelle bien de la veille et du matin même de la disparition de son frère d’un an son cadet, dont elle était « très proche ». Le 6 décembre 1993, dans l’après-midi, Tony a pris un café avec sa mère avant qu’il n’aille faire un tour et qu’elle ne parte chercher son autre fils à l’école, vers 16 h 30. En rentrant au domicile familial, vers 17 h 30, Réjane a vu que Tony avait laissé un papier : « Ne t’inquiète pas, je vais rentrer tard ». Laisser un mot « pour prévenir qu’on sortait le soir, c’était habituel », explique Sabrina. Mais le lendemain, à 7 h 30, Réjane trouve la chambre de son fils vide. « Ces affaires d’école qu’il avait préparées la veille étaient toujours là. Ma mère a téléphoné au CFA du Havre où il était scolarisé en tant qu’apprenti charcutier. »

 

 

« Pas une fugue »

Pas de Tony. La famille prévient la police. « Mais ils ne prennent pas ma mère au sérieux. Les policiers sont persuadés qu’il s’agit d’une fugue, alors qu’on est une famille équilibrée. Ça se passait bien à l’école et au sein de l’entreprise où il travaillait ». Son frère n’a jamais fugué. « Il était très renfermé, très réservé. Mais depuis quelques mois, il commençait à sortir, à avoir plein de copains. On sortait d’ailleurs souvent ensemble », raconte Sabrina, écrasant une larme.

 

En refaisant le trajet avec l’émission télévisée « Perdu de vue » que Réjane avait contactée début 1994 et dont la diffusion avait créé l’émoi quant à l’image renvoyée de Fécamp, la famille apprend que Tony a passé une soirée alcoolisée avec des amis, dans un bar fécampois, Le Carolus. « À l’époque, le patron avait dit que mon frère avait tout payé. Il était très, trop généreux », ajoute Sabrina. Dans cet établissement, Tony et ses copains auraient rencontré des personnes « qu’ils ne connaissaient pas. Des gens peu fréquentables ». Avant de terminer la soirée dans un appartement, quartier du Ramponneau. Sabrina avait fait une enquête de voisinage, en vain. Elle se souvient avoir pris entre quatre yeux Laurent, un copain de son frère avec il était ce soir-là. « J’étais persuadée – et je le suis toujours – qu’il savait quelque chose. Il m’a juste répété que Tony l’avait raccompagné à pied chez lui – il habitait place Thiers (NDLR : aujourd’hui place du Général-de-Gaulle) – avant que Tony ne prenne la direction de la maison, rue Léon-Degenetais, soit à 5 minutes à pied ».

 

Après les faits, une succession d’éléments troublants surviennent, selon Sabrina. « Des gens nous appelaient pour nous dire que Tony était mort, pendu à un arbre ou encore qu’on l’avait retrouvé en morceaux ». Une femme avait des révélations à faire à la mère de Tony, mais elle n’a finalement pas voulu parler après avoir été menacée. Un animateur d’une radio locale, qui diffusait des messages pour retrouver Tony, aurait subi des menaces et aurait déménagé. En pleine nuit, un jeune a toqué à la porte des Dubocage pour avoir des nouvelles de Tony : l’intrus a fini par partir en laissant un numéro de téléphone... qui se trouvait être celui d’un policier, raconte Sabrina.

Après avoir contacté un voyant qu’il lui avait indiqué que son fils avait été ligoté à une chaise dans la cave d’une maison abandonnée près de la gare, la mère de Tony s’y était rendue avec le voyant et un policier hors service. Ils avaient constaté la présence d’une chaise et d’une corde dans la cave.

 

Avec Sabrina, les policiers accompagnés d’un chien ont bien fait le tour des lieux que Tony avait l’habitude de fréquenter, mais cela n’a rien donné. Le 30 juin 1994, le parquet du Havre a envoyé un courrier à la mère de Tony lui informant du classement de l’affaire.

 

Depuis, Sabrina et sa mère persévèrent. Les annuaires épluchés, des photos placardées dans les gares, des diffusions à la radio... Sabrina poursuit ses recherches sur le net. Par ce biais, elle a fini par retrouver ce fameux Laurent qui ne lui répond pas. « Pour moi, Tony est mort. Pas pour ma mère. Je veux juste connaître la vérité. Qu’on nous dise ce qu’il s’est passé, insiste Sabrina qui compte écrire au procureur pour tenter de relancer l’enquête malgré l’ancienneté des faits. (...) Je ne lâcherai rien, jusqu’à ma mort. »

 

https://www.paris-normandie.fr/actualites/faits-divers/la-famille-de-tony-porte-disparu-depuis-26-ans-a-fecamp-s-interroge-toujours-PP16193862?fbclid=IwAR3mF0Wpe7vWl7YN9ft7SIONqDThTzs_UdtR2Rk3GggRVnNYOeYuImzFcF8

 

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