Valérie GUIGUES, disparue en Suisse le 17 janvier 2000

À Gardanne, la mère de Valérie cherche toujours la vérité

 

 

Étrange histoire. C'était il y a 16 ans. Valérie Guigues disparaissait. Comme tant d'autres, serait-on tenté de dire.

 

Sauf que dans cette affaire, pas de corps, pas de trace, pas de piste. Pratiquement aucun indice.

 

Un mystère épais comme un brouillard qui enveloppe des sommets montagneux. C'est justement dans ce paysage, au coeur du Valais suisse, que l'énigme a démarré. Mais qui était Valérie Guigues ? Originaire d'Alès, elle avait fait ses études à Marseille et Digne. Où le nom de Guigues était alors très familier. Il faut dire que Thierry, le frère, avait gardé les cages du club de foot. Valérie, elle, était plutôt gymnastique. Elle prendra goût aussi à la randonnée en montagne en Suisse. On y vient. C'est là qu'elle s'installe comme infirmière, à Sion.

 

Et c'est là, en août 1999, qu'elle rencontre Francis Mougel, prof de maths à Chamonix, Français lui aussi, amoureux de montagne qu'il connaît aussi bien que l'arithmétique. La relation dure cinq mois. Jusqu'au 16 janvier 2000. Jour à partir duquel le couple ne devient plus qu'un souvenir pour les proches. Valérie disparaît. Son compagnon avec elle.

 

 

Accident, assassinat ou disparition volontaire ?

La police suisse enquête alors. La française aussi. Francis Mougel, dit-on, sortait d'une séparation difficile. Enlèvement ? Assassinat ? La piste est vite abandonnée. On évoque alors l'accident. Une randonnée en montagne qui a mal tourné. On parle d'un chemin à risque, d'un glacier, d'une chute qui aurait été fatale. Mais pas de témoignages convaincants dans l'entourage.

 

Au contraire, les proches de Francis haussent les épaules. Il connaissait trop bien la montagne pour être aspiré par une crevasse. Puis il y avait trop de neige ce jour-là pour sortir. Vers où chercher alors ? Puis, qui peut-on faire parler ? La... voiture ! Il est peut-être là l'élément le plus troublant. Un mois après, on retrouve leur véhicule dans un parking privé au pied des montagnes, dans la commune de Täsch. Ça y est, on a dénoué l'intrigue. Le couple s'est garé avant de grimper vers un destin funeste. Affaire résolue... Non !

 

Au lendemain de la disparition, la police cantonale avait déjà fouillé ce même parking. Et la voiture n'y était pas. Les enquêteurs des deux pays sont perplexes. Mais ils ne cherchent pas à privilégier la piste de l'accident, constatant que toutes les affaires de montagne de Valérie sont restées chez elle. Alors ? Alors, la France classe le dossier, délivrant par la même occasion un... certificat de décès à l'épouse de Francis, pour faciliter les démarches administratives.

 

La Suisse s'accroche à l'affaire quelques années encore. Mais le temps qui passe est un redoutable ennemi qui épaissit un peu plus le mystère. Pierrette Roussel, la mère qui vit à Gardanne, contacte un détective privé, Yves Consersano, qui se casse les dents à son tour.

 

"Peut-être un glacier rendra-t-il les deux corps dans 50 ans, imagine-t-il. C'est déjà arrivé. Mais on n'est sûr de rien. On dira que les thèses accidentelle et criminelle sont retenues en premier. Après..." Après, il y a l'autre thèse : la disparition volontaire.

 

On aurait raconté, dans l'hôpital de Sion où travaillait Valérie, que la veille de sa disparition, elle semblait pressée de partir. Puis il y aurait ce vieux rêve de Francis : refaire sa vie. Tout recommencer. Au Pérou. Le couple est-il passé des sommets alpins aux sommets andins, réfugiés dans une vieille maison de pierres de Cuzco, la cité des Incas ? La réponse au mystère semble être une affaire de montagne.

 

Pierrette Roussel n'a pas d'avis. Pour l'heure, elle essaie de remporter un premier combat, un peu dérisoire dans ce contexte : récupérer l'argent de sa fille, bloqué dans une banque suisse. Mais elle cherche avant tout à la retrouver. Y arrivera-t-elle, seule, dans sa petite commune de Gardanne ? On ne se bat pas facilement contre des montagnes.

 

 

https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/3867285/valerie-16-ans-de-mystere.html